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| Dossier
-Part III- La
vie des adolescents - Les changements . Malgré
la diversité des recherches que le monde rocambolesque de l'adolescent à suscités,
les différentes approches, littéraires, philosophiques ou même psychanalytiques
sont encore très loin d'avoir épuisé le sujet, et d'avoir trouvé de réelles solutions
pour notre bonheur et notre prospérité, à nous les jeunes. Ce que je vous propose
est d'une simplicité d'enfant. Je ne prétends être ni écrivain célèbre ni chroniqueuse
notoire. Vous excuserez donc, chers amis, mon inadvertance ainsi que mes idées
encore incohérentes. Ce dossier représente un condensé reflétant l'intégralité
des états d'âme par lesquels peut passer un jeune marocain. Faisant en sorte que
l'héroïne, une jeune fille fictive, y embrasse un nombre considérable de personnalités,
je vise votre attention, afin que chacun d'entre vous se sente concerné par au
moins une infime partie du sujet. Lisez donc, décortiquez à votre aise, et faîtes
moi l'honneur de vous prononcer sur le thème, d'exprimer votre éventuel mécontentement
sur les termes que vous avez trouvé flous et déraisonnables.
Cela peut sembler bizarre, mais depuis quelque temps, je ne me
reconnais plus du tout. J'ai, en fait, l'impression d'être une toute autre personne,
car quand je me mets devant le miroir, un reflet d'étranger se présente à mes
yeux stupéfaits. Mes traits, ma démarche, tout mon corps s'est progressivement
métamorphosé, et je n'en suis consciente que maintenant. Mon visage, tantôt si
pur et si frais se voit devenir huileux et colonisé de petits boutons affreux,
irritants et désagréables. Mes cheveux, tantôt si beaux et si vivants, se hérissent
au fur et à mesure jusqu'à ne plus former qu'une masse terne de fils électrisés
et malades. Mon teint est tellement blafard, tellement terreux que je n'ose plus
me montrer à moi-même, encore moins au reste du monde. Une
envie dévorante m'assaille incessamment : celle de tout changer à mon aspect,
de tout retaper à mon " délabrement ", comme on parlerait d'une mansarde moisie
et croulante sous les décombres. Ah ! Si seulement je pouvais ressembler à telle
ou telle fille ! Elle est si jolie ! Elle a un si adorable minois ! Chaque jour,
je la trouve plus belle, comme chaque jour je me trouve plus laide et plus épouvantable.
Autant en terminer, avec cette description ! Devant
mon placard, c'est le parfait égarement. Plein à ras de vêtements, j'ai néanmoins
l'impression qu'il est vide comme un estomac affamé. Je ne me trouve belle avec
aucune tenue. " Non, pas ce pantalon. Quand je l'enfile, je ressemble à un boudin.
Et puis il est plein de taches. " Ou " cette veste-là ? Pas question ! On va me
traiter de clown, si je vais avec au lycée. Je n'ai quand même plus dix ans !
" Ou encore " jaune et marron…incompatible. D'autant plus que mes espadrilles
sont vertes !! ". C'est ainsi chaque matin et chaque midi, car je me change deux
fois par jour. Mes parents commencent réellement
à me taper sur les nerfs, ces jours-ci ! Ma mère râle sans cesse, elle me traite
de sorcière solitaire et renfermée. Elle me reproche d'être méchante avec ma petite
sœur, alors que c'est elle qui a commencé à m'enquiquiner. Elle me dit qu'à force
de fourrer mes naseaux dans le réfrigérateur, je ne m'en déloge plus. Ma mère
est un monstre. Je la déteste, mais je l'aime quand même quand elle me prend dans
ses bras et qu'elle me berce comme une minuscule enfant. C'est un ensemble de
contradictions que je ne peux définir. Oh ! Pour
ce qui est de ce père que je chérissais tant, c'est le comble ! Indifférent, froid,
il me parle rarement. Il ne se soucie même pas de si je suis bien ou pas. Mais
ce n'est pas grave. Je garde quand même précieusement tous les merveilleux moments
qu'on passait ensemble à lire des bandes dessinées et à parler d'astronomie et
de navettes spatiales. Dans la vie matérielle, j'ai
fini par tout détester. A force de me sentir mal aimée, soit par ma famille, soit
par mes rares amis, ou encore par mes profs, j'ai décidé de me bâtir mon monde.
Quand j'enfonce ma tête endolorie sur l'oreiller et que j'allume la radio sur
une émission de belles chansons douces, je me retrouve dans un univers où il n'y
a que moi qui suis jolie et gracieuse. Où il n'y a que moi qui donne des ordres.
Je blâme, châtie, parle à qui je veux. J'imagine des situations folles, impossibles,
mais paradisiaques. Je me vois observée de loin par mon chevalier d'antan au regard
de braise et aux paroles irrésistibles. Je m'oublie, j'oublie le monde. je m'évapore
doucement, comme une eau dégoûtée de la terre, vers d'autres cieux, lointains
et magiques… Ma vie, c'est tout simplement une prouesse
divine. Un jour je pleure toutes les larmes de mon corps, et un jour je suis tellement
heureuse que j'en ris follement, que j'en suis extasiée… Un
jour je hais l'ensemble gravitationnel à un point inimaginable, et l'autre jour
j'ai envie d'embrasser tout le monde, tant mon cœur déborde d'affection. Je suis
une mer de sentiments antithétiques et extrêmes. Et je n'y suis pour rien. Je
resterai telle jusqu'à ce qu'une curieuse matinée, ma marrée devienne basse, et
où je serai si pondérée, si calme que je regretterai vraiment mes moments torrentiels
et déchaînés d'ADOLESCENTE… Par : Sanaa Guessous |